La case « Musique » est encore vide dans mon profil Facebook. Pas capable de la remplir. Trop compliqué. Il n’y a aucun groupe ni chanteur qui s’impose de lui-même dans ma hiérarchie musicale. Moi j’aime toutte.
Non, non, wo, attend, cancel, abort, nuance, certains trucs m’agressent vraiment : la musique québécoise prémâchée et/ou avec des paroles mauvaises (ce qui constitue la majorité du répertoire québécois, si vous voulez mon avis), la pop trop sirupeuse et les garçons fâchés qui crient.
Cette acceptation quasi-indiscriminée de la chose musicale ne me rend pas pour autant savante. Il y a des genres de musique dont je n’ai jamais entendu parler de ma vie. Je regardais l’autre jour sur Myspace: Acousmatic, Breakcore, Concrete, Ghettotech, Hiphy, J-Pop, K-Pop, Reggaeton, Shoegaze, Zouk… on dirait les noms des drogues qu’on retrouvera dans dix ans.
– Man, tu veux-tu du K-Pop? J’ai du super Shoegaze, aussi…
– Mais t’es ben gochet* de me demander ça devant le nouveau poteau de surveillance policière! Y en a partout, maintenant, tu sais ben! (Pin-pon, pin-pon, pin-pon, pin-pon) Vite, sauve-toi…
* gochet est un synonyme de niaiseux qui aura cours dans 10 ans.
En cherchant à remédier à mon ignorance, je suis tombée sur du Ghettotech / Zouk / Hyphy, ce qui m’a laissée vraiment perplexe, surtout que c’est en fait un gars de quinze ans qui chante a cappella à propos d’une certaine Kim et d’une autre, Catherine, tout en subissant les sarcasmes d’un quelconque Jeffrey. C’est très mauvais, et je sais pas plus c’est quoi du Hyphy.
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Je suis musicalement l’invitée la plus gentille qui soit. Ou la plus exaspérante qui soit, ça dépend des points de vue:
– Qu’est-ce que ça te tente d’écouter?
– J’sais pas. Qu’est-ce que ça TE tente d’écouter?
Je suis aussi une DJ troublante aux goûts indistincts, je-m’en-foutiste et anarchique, qui ignore tout de l’art distingué de l’enchaînement et du mariage des genres et qui ne bronche même pas quand le randomizer, d’aventure, part une toune de Noël. C’est vous dire.
Sur le bidule tombé du ciel, je me fais des playlists complètement disparates qui horrifieraient les musicooleurs qui partagent mon siège dans la 55 s’ils s’aventuraient à regarder régulièrement mon écran plutôt que mes cuisses.
Jeudi, je m’en suis gossée une pour mener à bien la phase 96 de 100 de l’Opération Switch & Déballe. Seule condition: me mettre un sourire dans la face. Comme je ne pouvais pas changer l’ordre des chansons parce que je n’ai pas itunes à la maison (ha!), c’est D.J. Ordre Alphabétique qui était in the house, yo. Ça donnait ça:
A Little Less Conversation – Elvis
Alcohol Failed Rehab – CSS
Baby got back – Sir Mix a Lot
Buddy Holly – Weezer
Chewing-gum fraise – Numéro avec Omnikron
Cherish – Madonna
Computer Camp Love – Datarock
Don’t cha – The Pussycat Dolls
Eine Kleine Nachtmusik – Mozart
Elephant Love Medley – Ewan McGregor, Nicole Kidman, Jamie Allen
Even Though We Ain’t Got Money (Danny’s Song) – Ann Murray (ce qui m’a fait penser à cette soirée mémorable)
Fanny Ardant et moi – Vincent Delerme
Friday I’m in Love – The Cure
Frontier Psychiatrist – The Avalanches
Goodnight, Goodnight – Hot hot heat
Grand champion – Les trois accords
I Don’t Feel Like Dancin’ – Scissor Sisters
Je t’emmène au vent – Louise Attaque
Le petit pain au chocolat – Joe Dassin
Les rois mages – Sheila
Movie Intro Style – Super Mario Bros
My Doorbell – The White Stripes
Promiscuous Girl – Nelly Furtado avec Timbaland
Rainbow Connection – Me first and the gimme gimmes
Ruby Soho – Rancid
Somebody Told Me – The Killers
The Real Slim Shady – Eminem
You’re the Best Around (Karate Kid Song) – Joe Esposito
Parce que des yeux se posent sur ces lignes, j’ai failli censurer la toune de country et surtout la vieille toune de Louise Attaque dont tout le monde s’est tanné en 1998. (Non, la pop kétaine, je l’assume, merci.) Mais je suis trop intègre pour faire ça, même si j’écris de la fiction à l’occasion.