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Moins ano plus anar

1 juillet 2007

Je suis fière de rapporter que je suis de moins en moins menacée d’anorexie. Non, non, je n’ai pas pris vingt-cinq livres.

Je fais plutôt référence au tempérament ano. Vous savez, les anorexiques, souvent des premières de classe, perfectionnistes, control freaks?

Début vingtaine, je fittais le profil. Mais j’ai mis à profit cette sympathique décennie (toi, profite de la moitié qui te reste encore pis arrête de te plaindre!) pour dropper progressivement derrière moi les mauvaises habitudes, tel un Petit Poucet toxique. (Ramassez pas ça, là, les enfants. Hey. Mettez pas ça dans vos bouches!)

Évidemment, je suis encore folle à bien des égards. Mais maintenant je peux au moins célébrer le triomphe de la spontanéité, de la procrastination et de la désorganisation dans ma vie.

Avant, je faisais le ménage une fois par semaine, le vendredi plus précisément.

Maintenant je fais le ménage quand j’attends de la visite. Ou quand je vois des motons de poussière. Pis même là.

Avant, j’étais maniaquement soucieuse de mon sommeil. Je me couchais à heure fixe, surtout si je travaillais le lendemain.

Maintenant j’ai réalisé que je pouvais fonctionner avec quatre heures de sommeil dans le corps. Plus aucune occaze lumineuse ne m’échappe.

Avant, je faisais mon lavage une fois par semaine, le jeudi plus précisément.

Maintenant, je fais encore mon lavage une fois par semaine. J’ai pas beaucoup de linge, voyez-vous. Mais c’est la journée que ça adonne. Et je pars en cavale en oubliant mes brassées dans le sous-sol, au grand dam des anglaises qui se font un point d’honneur d’attendre poliment et haineusement que je vienne les chercher, parce qu’elles détestent leur tour venu que quelqu’un touche à leurs brassières rembourrées turquoise pis à leurs capris gris cheap.

Avant, je me forcais à terminer chaque livre que je commençais. Respect pour l’oeuvre et pour l’oeuvreur.

Maintenant, si un livre m’ennuie, je le flushe sans façon. « Chef d’oeuvre » (koff! koff!) ou pas. Hey, Juliette Pomerleau, je m’excuse, mais c’est plate rare.

Avant, je faisais mon travail avec zèle, peu importe comment je me sentais.

Maintenant je fais mon travail sans zèle et je passe en premier. Et le ravitaillement musical passe en deuxième. Suivi des nouvelles. Enfin, vous voyez le topo.

Avant je déjeunais tout le temps et je préparais le soir mon lunch du lendemain pour chaque maudite journée de travail que la semaine amenait, et elle avait l’habitude d’en amener cinq.

Maintenant j’engraisse les commerçants du Vieux-Montréal, déjà très prospères de leur crémage de touristes, en y achetant mes déjeuners et mes dîners plusieurs fois par semaine.

Avant j’acquittais les factures dès réception comme elles nous prient aimablement de le faire. Je devais avoir un crédit nickel, lequel restait tragiquement sous-utilisé.

Maintenant j’ouvre le bill de Télépole, j’éclate de rire devant le montant ridicule qu’ils me demandent et après vérification je m’aperçois qu’ils ont raison parce que je n’ai rien payé depuis deux mois et demi.

Avant je changeais religieusement de serviette à tous les trois jours.

Maintenant je regarde ma serviette et je lui demande : « Hey, faudrait-tu que je te change, toi? » Si elle répond, je la change.

Avant je n’acceptais aucune invitation de dernière minute. Trop angoissant. Ah non. J’ai l’air du christ; mes jambes sont pas faites. Vite, un prétexte. Une maladie. Un décès. Mon décès.

Maintenant si Glamour Boy m’appelle à minuit moins cinq, je peux être à la SAT quarante-cinq minutes plus tard, top chrono, top shape. Pas top shape? Y a des drinks pour ça. Jaggermeister Full Throttle, je crie ton nom.

Avant je capotais quand un de mes posts restait sans réponse.

Maintenant je m’en fous. Presque.

Avant je contrôlais tout. Maintenant

je

lâche

prise

wheeeeeeee

wheeeeeeee

(FLOUSH)

13 commentaires

  1. Euh. je suis troublée. Moi qui pensais qu’entrer dans l’âge adulte, c’était justement être un peu moins spontannée, jetter le lait AVANT qu’il caille, changer mes draps et mes serviettes AVANT qu’ils puent, me faire mes lunchs au lieu de dilapider tout mon blé dans des restos qui n’en valent pas la peine,etc Gosh.Je suis confuse.
    Envois-moi un Jaggermeister, stp 😉


  2. Hihi…Et bien je vois que tu rentres dans une ère nouvelle: celle des jeunes adultes indépendants et fiers de l’être autrefois responsables et aujourd’hui…un peu moins (un peu plus blasés aussi?? 🙂
    Profites de cette nouvelle tendance!! Ça vaut le coup…temps qu’on tient le choc! (hehe)Après on verra…

    Clarie
    http://www.francoespagnol.wordpress.com


  3. Grandir c’est peut être ce que tu décris si bien, avec cette belle impertinence: se rendre compte que pratiquement tout nous est hors de contrôle.
    Et l’accepter…
    Je te lis depuis peu avec beaucoup de plaisir, bravo.


  4. Hmm. Je crois que je vis le contraire… Ou du moins je l’espere!

    Un jour?

    Peut-etre.

    *pars dans une angoisse existentielle*


  5. Que ce soit pour l’outre-mangeur ou l’anorexique (au sens figuré, s’entend), le plus dur est d’obtenir ce satané point d’équilibre (oh comme cette expression peut sembler vide de sens; je m’y risque, tant pis) entre ce que nous sommes déjà et ce que nous ne serons jamais.

    Pour ma part, je tente d’apprendre la discipline et l’ordre depuis de trop nombreuses années. Ce n’est qu’un début, continuons le combat, comme qu’ils disent.

    Tranchante voie du milieu! Elle est tellement là, en plein centre, se narguant en silence de notre asymétrie!


  6. Retour du balancier? Bofff…. La quarantaine te rattrappera bien assez vite, te faisant opter pour un sain laisser-aller sans pour autant sombrer dans l’insalubrité et l’auto-négligence. En attendant, profite!

    J’y pense: tu ne te laisserais pas plutôt couler dans une crise d’adolescence tardive???


  7. Je me sens tellement contrôlante !
    Je suis coupable de la préparation des lunchs, du nettoyage et du respect des livres.

    J’aime penser que je lâche prise en faisant d’AUTRES choses.

    Crise d’adolescence tardive ! Hehe. Je viens de trouver ton blogue. Je ne connais pas ton âge. Mais tu peux mettre ça sur le compte de la crise de la vingtaine, crise de la trentaine, quarantaine ou cinquantaine. Chaque décennie a son excuse. Joie !


  8. vive ta nouvelle toi, bien plus intéressante!!! en tout cas pour un gars comme moi.

    sauf qui faudrait payer tes bills, parce que ca ca coute cher et ca baisse la note de crédit.


  9. C’est vrai, tu n’as même pas chialé quand j’ai laissé le bol levé chez vous. Autrefois c’eut été un crime de lèse majesté. Je n’ai par contre pas fait le test si je gossais sur ta fenêtre­…

    Va tu cotiser à ton REER l’an prochain pareil ?


  10. ya des bébelles partout et je m’en fou,
    la balayeuse doit être passé, ya des minous,
    ya une pile de linge avec des bas plein de trous,
    ha! la vie continue, les jours se suivent après tout.

    🙂


  11. @Sonia: Merci! 🙂

    @REEKEEGEE: Man, t’es un pouète!

    @Catounette: La quarantaine… ou la maternité! J’ai cru observer que ça forçait une certaine discipline. 😉 Judicieux commentaire. La crise de la trentaine est effectivement une crise d’adolescence tardive. Mais je pense que je suis avant tout juste 1) lâche et 2) blogueuse.

    @Clarie, Véronique: J’ai trente ans. Une question que vous vous posiez tacitement. Ou pas. Je le dis quand même. J’ai trente ans. (Soupir)

    @V: Oh, n’angoisse pas existentiellement. De plus en plus disciplinée et organisée? C’est bon! That’s how lovely bloggers go far! *Here* (apposing shiny golden star sticker on your forehead).

    @Neuve: Très tranchante – elle coupe quand on s’en approche, d’où probablement, une tendance à se maintenir dans les extrêmes! Bien dit.

    @Beachboy: Moi aussi je me trouve pas mal plus intéressante. Je m’ennuie seulement de mes lunchs. Et, dans une moindre mesure, de mon zèle professionnel.

    @Amadeus: C’est encore un crime de lèse-majesté, je suis juste plus laxiste sur la sentence. HEY, LÂCHE MA FENÊTRE, TOI!!! Euh, je veux dire…tiens, pètes donc un verre, à la place.

    @Mademoiselle Escobar: Oui mais moi j’étais vraiment « anal-retentive ». Tu as raison, la saine nutrition et la salubrité sont tes amies sur le chemin qui mène à la sagesse et au collagène. Rassurée? Oui?

    Ben j’t’envoie du Jaggermeister pareil.


  12. C’est carrément la maturité qui s’installe dans ta vie! 🙂 J’ai bien rit en te lisant, on a dû un peu tous se reconnaître!


  13. Crisse que tu dois te sentir mieux!

    J’aime mieux la bière et je ne dors pas beaucoup….



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